mercredi 31 mai 2017

En tuer

"En tuer", devise du 501e Régiment de chars de combat

Ainsi donc, on découvre que cette nation dont le Premier ministre avait déclaré être « en guerre » après les attentats de janvier 2015 et dont le Président s’était engagé après ceux de novembre à « détruire l’armée des fanatiques qui ont commis ces crimes » chercherait à tuer des combattants ennemis et traquerait plus particulièrement les traîtres parmi eux. Quelle surprise ! Quelle surprise surtout que cela puisse surprendre certains. Preuve en tout cas que les choses ne sont pas forcément claires pour tout le monde et la faute en incombe à ceux qui étaient chargés de dire les choses.

La France affronte l’Etat islamique depuis qu’elle a rejoint la coalition dirigée par les Américains en septembre 2014. C’est à cette époque qu’il aurait fallu certainement clarifier les choses, avant de paraître surpris par le fait que ceux que nous attaquons nous attaquent aussi. Déclarer la guerre, c’est désigner un ennemi et désigner un ennemi c’est lui reconnaître un statut politique et une forme d’équivalence dans ce qui devient un dialogue violent. On peut comprendre que l’on soit réticent à accorder ce statut à des groupes méprisables par leur faible volume ou, surtout, par leur comportement ignoble. Le problème est que si on ne le fait pas, on reste automatiquement dans le cadre d’une mission de police, avec ses contraintes nécessaires mais parfois inadaptées. A cette époque on était parti « détruire les égorgeurs de Daech », selon l’expression du Ministre des Affaires étrangères, peu avares de déclarations aussi floues qu’hyperboliques.

Pas d’ennemi donc mais une bande de psychopathes que par coquetterie on refusait (et refuse toujours) de désigner par le nom qu’ils se donnent ; pas de guerre non plus mais une criminalisation et par voie de conséquence pas de cadre politique clair à l’engagement de la force. Accessoirement, on n’engageait pas non plus beaucoup de moyens (initialement environ 5% de l’effort total d’une coalition, elle-même en appui de « forces décisives » locales) pour atteindre cette très hypothétique destruction. Comme plus tard pour l’opération Sentinelle, l’essentiel était bien plus dans la présence visible que dans les effets réels. Si l’Etat islamique n’avait eu que la France comme adversaire, il serait actuellement très prospère.

Il aura donc fallu attendre les attaques de janvier 2015 à Paris pour « annoncer » la guerre. Mais annoncer la guerre ne constitue que la première partie de la « déclaration ». On ne déclare pas la guerre à un mode d’action comme le « terrorisme » ni même à un ensemble flou (« le terrorisme islamique ») mais à des entités politiques clairement désignées. Mais ce n’est pas tout. La déclaration de guerre n’est pas là pour répondre à une émotion mais pour donner un cadre à un emploi exorbitant et exceptionnel de la force. L’état de guerre crée de facto un espace-temps où les règles habituelles de droit civil cèdent la place au droit des conflits armés (qui s’applique aussi aux conflits non-étatiques). 

Ce cadre doit être clairement défini. Il y a cent ans, en 1917, la France était découpée entre la « zone des armées » (le « front »), où s’appliquait le droit de la guerre (et donc la possibilité de tuer hors légitime défense ou application d’une peine de justice), et la « zone arrière », où s’appliquait le droit normal. Il en est de même dans la guerre contre l’Etat islamique. Même si cela peut heurter la logique aristotélicienne de certains (A et non-A ne peuvent coexister), il peut et il doit y avoir des zones différentes de droit dans une même guerre. Il est nécessaire toutefois de délimiter clairement celle « des armées ». Dans le cas de la guerre de l’EI, on s’est limité d’abord à l’Irak avant de s’étendre à la Syrie un an plus tard. 

Dans cette zone précise tout combattant ennemi, à condition bien sûr qu’il soit clairement identifié comme tel, peut évidemment être tué et pour cette simple raison qu’il est justement un combattant ennemi. Dans les différentes zones de guerre que la France a créée précédemment depuis cinquante ans, nos soldats ont exercé ce droit de tuer sur, au moins, 6 000 combattants adverses, pour l'immense majorité membres de groupes armés. Et on ne parle pas ici des agresseurs tués au autodéfense dans les opérations de stabilisation (qui relèvent de la police internationale).

Dans ce cadre, justifier des attaques contre l’ennemi uniquement pour prévenir des attaques sur le sol français, comme ce fut le cas avec les premières frappes aériennes françaises en Syrie en octobre 2015 (en voulant sans doute justifier ainsi l’invocation de l’article 51 de la charte des Nations-Unies), paraît donc étrange. Soit nous agissons dans une zone de guerre et il est inutile de justifier des attaques de cette façon puisque par principe tout combattant ennemi est une menace potentielle, soit nous ne sommes pas dans une zone de guerre et dans ce cas cet acte constitue une violation flagrante du droit. Il peut arriver que cela soit malgré tout absolument nécessaire mais cela relève alors de l’action clandestine et des services spécialisés.

Ajoutons que l’encadrement de la guerre se fait par un droit spécifique, un espace défini mais aussi par une fin, car contrairement à la mission de police qui subsiste tant qu’existent des contrevenants à la loi et l’ordre (autrement dit probablement éternellement) la guerre a forcément une fin. Cette fin il est préférable de l’anticiper avant de déclarer la guerre, en décrivant la « meilleure paix » que l’on souhaite obtenir. Annoncer que l’on va détruire l’ennemi est très ambitieux surtout lorsqu’on affronte un groupe armé bénéficiant d’un minimum de soutien populaire et capable de mener un combat clandestin sur la longue durée. L’Etat islamique est le dernier avatar d’une série qui a commencé en 2003 avec le groupe Tawhid wal Djihad d’Abou Moussab al-Zarquaoui et a survécu à tous les combats y compris la défaite de 2008. Celui qui ne se fixe pas d'objectif réaliste ne risque pas de l'atteindre. Maintenir une zone de guerre jusqu’à l’élimination définitive du dernier combattant de Daesh, et on ne parle ici que du Levant, équivaut à nous maintenir dans une mission permanente dont on ne pourrait sortir que par une évolution radicale de l'environnement politique indépendante de notre fait.

Le plus réaliste serait probablement de déclarer comme objectif la fin de l’Etat islamique en tant que proto-Etat et donc de sa territorialisation, en espérant que ces capacités d’action à distance, directement ou par délégation, en soient amoindries et qu’il ne soit donc plus en mesure de mener des attaques importantes contre la France. Il sera alors temps de refermer la zone de guerre, quitte à la rouvrir plus tard si nécessaire. En attendant, il existe toujours une autre zone ouverte de guerre au Sahel, plus claire dans sa géographie et avec une prise de risque plus importante mais dont il serait utile d’exprimer aussi une fin un peu plus claire.

Dans ce cadre délimité de droit, d’espace et de temps, le fait que les combattants que nous affrontons soient des ressortissants français passés à l’ennemi ne change fondamentalement rien, sinon qu’on peut logiquement considérer qu’ils représentent une menace encore plus importante pour la France que les autres et méritent donc une attention particulière. Tuer en zone de guerre n'a d'intérêt que si cela finit par produire des effets stratégiques. Dans la mesure où un seul individu peut provoquer un attentat, tuer des djihadistes français (pas les seuls mais les plus susceptibles de le faire en France) à des effets stratégiques immédiats pour notre pays. Les ressortissants français et même européens constituent donc logiquement un front particulier à l'intérieur du combat général contre l'EI. Il faut évidemment profiter de leur présence de la zone de guerre pour éliminer le plus possible de traîtres, si possible physiquement, à défaut en les capturant. Dans ce dernier cas et de la même façon hors de la zone de guerre, ils constituent des prisonniers mais des prisonniers particuliers car ils ont pris les armes contre leur Patrie. Ils doivent donc être traduits en justice pour trahison (article L331-2 de justice militaire ou art. 411-4 du code pénal). Je regrette pour ma part qu’on ne fasse pas plus d’effort pour les traquer et les tuer nous-mêmes autrement (au moins officiellement) que par des tirs à distance. Il est quand même singulier dans une guerre que les seuls soldats français que l'on voient affronter l'ennemi soient en métropole. 

La guerre est un objet politique et la politique, selon l’expression du général de Gaulle, est une chose trop sérieuse pour être confiée aux politiciens. La guerre est aussi une chose grave qui devrait, si possible, faire l’objet d’un minimum de débats contradictoires. La guerre contre l’Etat islamique aurait eu sans doute plus de clarté et plus de force après un vrai débat suivi d’un vote du Parlement. Je ne suis pas sûr pour ma part qu’à l’époque, une telle décision se justifiait mais maintenant, si on décide de faire la guerre, on ne doit pas faire semblant et la faire vraiment. La faire vraiment, implique, outre la désignation claire d’un ennemi, la définition d’un espace précis où la violence s’exercera pleinement contre l’ennemi afin d’atteindre les objectifs politiques que l’on s’est fixé. En dehors de cet espace, il ne doit y avoir que le droit normal ou la clandestinité. 

13 commentaires:

  1. Bonsoir Mon Colonel,

    Article Parfait. Je tiens à vous en remercier vivement.

    Peut-on dire que le djihadiste de nationalité française est en zone de guerre ("espace précis où la violence s’exercera pleinement contre l’ennemi") un combattant comme un autre, qui doit être traité par nos forces armées en conséquence et dès qu'il remet le pied en métropole, ce n'est plus à l'armée de s'en occuper, mais à la police/justice avec charge de "collusion avec l'ennemi" ?

    A titre personnel, j'estime que servir sous les ordres de l'EI, d'AQ ou autres groupes que nous bombardons/combattons (Al Shebab par ex.) est effectivement une trahison et doit être puni en conséquent.
    Néanmoins, dans l'application cela risque d'être dur pour les tas de con(nards) sur notre sol, qui relaient la propagande djihadiste.
    Une entrée en guerre contre les groupes AQ /EI /etc ferait passer la punition, pour les propagandistes, de 5 à 30 ans. On passe de l'article 421-2-5 à l'article 411-4.
    Déjà que cela rue dans les brancards (http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/22/apologie-du-terrorisme-la-justice-face-a-l-urgence_4560603_3224.html) : atteinte à la liberté d'expression, contre-productif (ce qui n'est pas totalement faux), gnagnagna.... Alors ce sera dur de mettre à l'ombre une dizaine de milliers de nos (salauds de) concitoyens!
    La mesure me semble juste, mais difficile à mettre en œuvre. Hélas !

    Si on y réfléchit bien, nous faisons la guerre et Syrie, Iraq et au Sahel (et parfois ailleurs), pour que les groupes djihadistes ne se transforment pas en proto-états, susceptibles de devenir à la longue, de réel états voyous.
    La perspective d'avoir un ou plusieurs équivalents sunnites de l'Iran n'est pas acceptable. L'occident a déjà eu assez de mal avec l'Emirat Islamique d'Afghanistan (1996-2001) et a toujours du mal avec le Nord-Soudan (même un peu assagi*). Avoir sur les bras un état appelant à votre conquête n'est pas folichon.

    Merci encore et meilleures salutations

    Jeff

    * Le Soudan est la seule république islamiste sunnite toujours sur la liste américaine des états soutenant le terrorisme/ il est responsable de la mort d'un de nos soldat en 2008 (dans des circonstances peu claires certes) / son président est recherché par la CPI pour génocide / il massacre (plus ou moins) allégrement les habitants du Darfour et du Nil Bleu. C'est un pays "en voie de modération" me direz-vous !!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Rien ne nous empêche de traquer clandestinement les propagandistes les plus dangereux (piratage, menace,préparation d'attentat,prosélytisme) qui agissent en France ou ailleurs. En tout cas on peut leur envoyer un message de manière soft ou beaucoup plus persuasive. On peut espérer que dans la nouvelle "Task force anti-terroriste" il y ait un bureau spécialement dédié à contrer l'outil principale quotidien des radicaux en France, cet-à-dire le numérique. Ils jouent souvent sur les mots et passent ainsi entre les mailles du filet, mais si le poisson vaut vraiment le coup, on peut toujours le harponner avant que le faisceau d'indices ne s'estompe, car face aux terroristes faut vite discerner et ensuite être très réactif. Le problème c'est aussi ceux qui clament leur satisfaction de voir le terrorisme agir contre la France mais qui n'y participe pas directement, on en fait quoi? Je crois qu'une cellule de combat numérique disons "soft" est dorénavant de rigueur, on peut pas laisser l'islamisme s'imposer sur les réseaux sociaux sans rien faire, l'incitation à la haine devrait être à nouveau étudié par les parlementaires. Seulement quand l'ordonnance devient le maître-mot d'une politique, le débat au parlement devient un étrange obstacle, et donc la capacité de raisonnement du pays s'en retrouve réduit.

      Supprimer
  2. Voilà un article militaire clair et précis.Le fait d'avoir suivi les Us dans leurs guerres au nom d'une alliance (Otan) pose quand même une interrogation sur le bien fondé des conséquences.Se faire entrainer dans des conflits , sans comme vous le précisez , un accord du parlement et qui ne nous concernent pas, déclenchés pour d'obscures raisons par un allié que nous suivons aveuglément en violation de la charte de l'Onu (nous agissons dans un pays souverain sans son accord ;la Syrie) et du droit international en général c'est faire fi de ce droit qui en principe , régit les rapports entre nations .Le traité de Wesphalie avait jeté en son temps les bases d'un droit international qui au fil du temps s'est dégradé , au point d'attaquer des nations souveraines sous prétexte d'un "droit d'ingérence" inventé pour la circonstance ou en représailles d'attentats ,ou de risques "d'armes de destruction massives" ubuesques et inexistantes brandies à la tribune de l'O.NU. pour justifier l'injustifiable.Ces péripéties posent question à l'armée,on sait ou l'obéissance aveugle a conduit lors de la dernière guerre,ou il y a une loi et on la respecte ou c'est les temps sauvages et la loi du plus fort.Ceci posé l'écrasement de daesh au levant n'empèchera pas les attentats même si une partie des terroristes est éliminée,car il ne s'agit précisément pas d'une guerre "classique"mais de la lutte contre une doxa impérialiste visant une hégémonie mondiale; sauf a l'éradiquer de la surface de la planète nous ne sommes pas prets d'en voir la fin,aussi et vous avez raison , faut il s'en tenir a des objectifs clairs pour être efficaces.Meilleures salutations

    RépondreSupprimer
  3. on n'est pas capable de dire que l'on fait la guerre et d'en assumer les responsabilités à cause de la 5° colonne installée en france.
    inutile de penser que l'on traquera réellement les suppôts des EI qui prolifèrent chez nous...
    les politiques tentent de gagner du temps... pour finir leurs mandats. aucune vision à moyen terme du pays et aucune tentative d'influer sur le cours des évènements.

    RépondreSupprimer
  4. Mon colonel,

    Le CEMA et ses trois adjoints ne devraient ils pas mettre en demeure pouvoir politique de clarifier préalablement ses engagements, et cela au niveau du droit ainsi que vous le définissez avec justesse. Est ce que cela entre dans leurs champs de compétences ? Ils sont quand même censés conseiller nos gouvernants sur les conséquences des actions militaires, et cela ne me prenait pas incompatible avec la notion de loyauté afférente à leur fonction.

    RépondreSupprimer
  5. Mon colonel,

    Vous posez fut bien la problématique a laquelle sont confrontés nos politiques, et qui sont pour le moins fort imprécis et voire brouillons dans leurs réponses à lui apporter.

    " la définition d’un espace précis où la violence s’exercera pleinement contre l’ennemi afin d’atteindre les objectifs politiques que l’on s’est fixé. En dehors de cet espace, il ne doit y avoir que le droit normal ou la clandestinité "

    Je souhaiterais que vous nous donniez votre analyse au sujet de la clandestinité de certaines opérations, qui par nature ne relève du droit et peuvent par fois amener à des dérives fort dommageables. Je viens de relire sur ce sujet "La mort était leur mission" de Constantin Melnik, il me semble bien poser comment un pouvoir peut être tenter d'appliquer ces méthodes, à la résolution illusoire d'une guerre asymétrique. Disposant d'un outil performant en matière de "service action", il est tentant de l'utiliser à des fins strictement politiques.

    A votre avis le quasi culte actuel pour les Forces spéciales, est ce qu'il ne peut pas conduire aux mêmes dérives ? Certes nos FS actuelles relèvent uniquement de l'armée, mais dans les années 50-60 la 11° demi brigade de choc, elle aussi était une composante militaire. Mais cela n'empêcha pas le pouvoir pouvoir politique, d'utiliser une partie des ses hommes pour des missions actions de "services spéciaux" qui au départ pouvait se justifier, mais dériva sur des missions d'ordre politique .

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour Trekker vous posez le vrai problème qui existe depuis toujours :la guerre est la poursuite de la diplomatie et de la politique étrangère d'un pays par d'autres moyens ,le fameux ultima régio..tout ça c'est intimement lié(,comme l'affaire du rainbow warrior)quel pouvoir doit primer sur l'autre?les armées romaines ne franchissaient pas le Rubicon ou leurs chefs passaient de consul à dictateur,la tentation pour le détenteur de la force de l'utiliser a des fins , disons plus personnelles ,soit disant pour le bien du peuple a toujours été très forte,nos sociétés modernes ont tenté d'encadrer par la loi ces possibles dérives avec un certains succès , mais il arrive des temps incertains ou l'intéret supérieur du pays et de la nation s'efface devant l'ambition personnelle et le mercantilisme voir la démence.Pour pallier ces difficultés les Us ont la procèdure "d'empèchement"rien de similaire n'a été prévu dans les pays occidentaux de façon aussi formelle vis à vis du chef des armées et dans tout les cas l'armée n'est pas partie prenante de cette procèdure qui reste civile.La réponse d'un vrai militaire sur des actions "illégales" ne me semble souffrir le moindre doute , les éxécutants évoluant sous le vocable fourre tout de "services spéciaux"Est-ce légitime si la sauvegarde du pays et de la nation sont engagés ? toute la question est là.Bien cordialement

    RépondreSupprimer
  7. Bonjour Janus 2a,

    " mais il arrive des temps incertains ou l'intéret supérieur du pays et de la nation s'efface devant l'ambition personnelle et le mercantilisme voir la démence"

    Votre propos fort juste, il est illustré dans le livre de Constantin Melnik "La mort était leur mission". Il démontre très bien cela en s'appuyant des faits bien réels, qu'au nom d'une certaine déification de Mongénéral on préfère oublier ou surtout ne pas voir. Hélas les "services spéciaux" ils ne sont pas toujours dirigés par des fortes personnalités tel le général Paul Grossin, qui ne recherchait pas la reconnaissance du pouvoir, mais savait s'opposer tant que faire se peu à des dérives dangereuses pour l'intérêt national initiés par des courtisans bien en cours.

    A mon sens l'honneur d'un militaire et surtout d'un général en charge de "services spéciaux" ou assimilés, c'est de savoir dire NON à certaines directives du pouvoir politique. Cela notamment quand elles ne visent qu'a satisfaire des ambitions strictement personnelles, et pire le mercantilisme de certains de ses amis. Si cela avaient toujours été le cas, aussi bien quand ce type de fonction était dévolu à un civil, on auraient certainement évité de nombreuses dérives -dont certaines criminogènes- liés à la Francaffrique.... mais aussi le ridicule dont nous sommes couverts dans l'affaire dites du "Rainbow Warrior".

    La loyauté des responsables militaires et hauts fonctionnaires vis à vis du pouvoir politique, elle est certes un des fondements de nos démocratie occidentales, mais n'exclue nullement le devoir de s'opposer à ce dit pouvoir quand il viole allègrement ces derniers. A ce que je sache un général ou haut fonctionnaire peut toujours démissionner et publiquement, cela quand le pouvoir politique persiste dans ces errements n'ayant rien de républicain !

    RépondreSupprimer
  8. Bonsoir Trekker,j'entends bien votre argument sur la possibilité de démission d'un haut fonctionnaire quand les directives ou les ordres reçus contreviennent en som ame et conscience a tout ce qui a fait son engagement pour la république et la nation.Sauf erreur Héraclite disait" sur cent hommes au combat dix ne devraient pas être là,quatre vingt ne sont que des cibles,neuf sont de vrais combattants nous leur sommes reconnaissants car ils feront la bataille,un seul est un véritable guerrier qui fera que les autres puissent rentrer vivants" et bien il en est de même pour ceux dont la vertu ne succombe pas a des intérets subalternes ,ils sont aussi peu nombreux ces hommes d'état qui mettent au dessus de leur condition l'interet suprème du pays ;plus nombreux chez les militaires , le sens du devoir ayant une autre résonnance et participe de leur engagement , néanmoins il faut reconnaitre que des démissions en grand uniforme , avec explications dans les médias, ne sont pas monnaie courante ,je veux croire que c'est uniquement dû au fait que les ordres donnés le sont toujours pour le bien du pays et de la nation par des chefs responsables et honorables.Bien cordialement

    RépondreSupprimer
  9. Bonjour Janus 2a,

    Globalement d'accord avec vos propos, et pour rebondir seulement sur les militaires et spécialement les hauts gradés. Ceux-ci sont peu enclin à démissionner avec explications dans les médias, sauf quand ils sont à quelques mois de leur retraite, cela même quand les ordres reçu du pouvoir politique sont en contradictions flagrantes avec leur éthique et sens de l'État. Cela pour les mêmes causes que pour les hauts fonctionnaires, ils doivent majoritairement leurs étoiles à leur conformisme -voire leur servilité- vis à vis des pouvoirs politiques successifs.

    Alors même si ces généraux ne sont pas dupes des directives reçus du dit pouvoir politique, visant uniquement des intérêts politiques personnels ou servir à l'enrichissement de leurs stipendiés, et les condamnent dans leur fort intérieur. Leur soumission en premier d'ordre intellectuelle -la pire de toute à mon sens- fruit de leur ascension, elle fait que s'opposer fermement à ces directives et aller jusqu'à démissionner leur est impensable. Certes cela arrive parfois rarement, mais n'est le cas que de personnalités très affirmés.

    Bien cordialement.

    RépondreSupprimer
  10. Bravo Michel et merci pour ton article clair comme à l'accoutumée ! D'aucuns devraient te lire sans doute plus souvent....
    Benoît de LA Rocque

    RépondreSupprimer
  11. En ce qui concerne les djihadistes "français " en Syrie et en Irak je ne pense pas que les articles de lois précités puissent s'appliquer ,ces combattants luttent contre El Assad dont nos gouvernements ont fait de sa chute un point primordial et l'on dit et redit par la voix du ministre Fabius "qu'ils faisaient du bon boulot",certains ont pu penser qu'a leur retour une neutralité bienveillante leur serait appliquée à défaut de médailles (la France n'a pas déclaré la guerre a la Syrie et n'est donc pas une zone de guerre pour la France officiellement)Je remarque que pour un chef d'état étranger il est dangereux d'accepter de faire défiler ses troupes au coté des nôtres le 14 Juillet sur invitation du gouvernement car ceux qui l'ont fait se sont vu attaqués peu de temps après !!! la politique étrangère de gribouille ou plutôt le manque de politique étrangère de nos gouvernants nous déconsidère au yeux des nations et met notre armée en situation inconsidérée,tuer n'est pas anodin et ne peut se justifier qu'au travers des traités et conventions (la Haye entre autres) que notre pays s'est engagé à respecter

    RépondreSupprimer
  12. Mon Colonel,
    Théoriquement, dans un conflit asymétrique de nature révolutionnaire, les conventions de Genève ne s'appliquent pas, puisqu'on a pas affaire à un état ennemi à qui on déclare la guerre (c'était le cas de la guerre d'Algérie où on parlait "d'événements").
    La Guerre de France inéluctable du fait de l'élection de Macron (et ses âmes damnées) sera de cette nature et posera le problème de définir les zones de guerre où le droit ordinaire ne s'applique plus et la zone "bleue" (voir www.guerredefrance.fr) où l'état de droit civil ordinaire serait maintenu. C'est toute l'ambigüité de l'état d'urgence (voulu éternel par Attali). L'état d'urgence a un gros défaut : si une insurrection larvée mais généralisée a lieu dans les ZUS (par exemple à la rupture du ramadan en cours), il faut passer à l'état de siège où les pouvoirs de police sont transférés de facto à l'armée. Qui n'est pas prête, cela va de soi.

    RépondreSupprimer